Paolo Pellegrin
CHAOS CALME
Exposition du 27 mars au 18 juin 2025
Vernissage mercredi 26 mars à partir de 18h
J’ai découvert le travail de Paolo Pellegrin grâce aux Rencontres d’Arles en 2008. C’était la première fois que j’y allais et son exposition « As I was dying » se trouvait dans le dernier bâtiment des Ateliers SNCF. Quel choc de découvrir ses images, leur puissance, la beauté de ses tirages, la profondeur de ses noirs… Moi qui me croyais hermétique à la photographie de reportage, je me prenais une première claque, m’ouvrant l’esprit et me remettant ainsi à ma place.
Quelques mois après, j’étais au Festival de Photojournalisme, Visa pour l’Image, à Perpignan. En le croisant seul dans une ruelle, j’ai préféré ne pas réfléchir et lui ai sauté dessus, lui déclarant mon admiration, ainsi que mon envie de présenter son travail aux incultes, qui, comme moi, le connaissaient mal, voire pas. Quelle ne fut pas ma surprise quand presque aussitôt, sans me connaître, il accepta de me confier quelques tirages pour ma première exposition collective consacrée à la photo de reportage, allant même jusqu’à me donner les contacts de quelques amis dont le merveilleux et inoubliable Stanley Greene.
Cette facilité d’accès, sa bienveillance, alors qu’il était déjà un acteur fort de ce milieu, ce que j’ignorais à l’époque, est révélateur d’une personnalité à part. Je découvris rapidement par la suite, l’étendue de son talent et ses nombreuses autres qualités, puisque j’ai la chance à présent de le compter parmi mes amis. Ces rencontres, qui font partie du métier de galeriste sont pour moi l’attrait principal de ma profession.
Découvrir l’oeuvre d’un tel artiste, pouvoir le rencontrer, l’exposer, partager cet amour avec le public, et accéder à son intimité est sans prix, et vaut bien des sacrifices. Passer la nuit au milieu de ses archives comme j’ai pu le faire pour préparer cette exposition est une joie presque puérile. Telle une enfant dans un magasin de jouets, je passais la nuit le nez dans les tirages vintages, les livres de sa collection, les projets passés et futurs, je savourais de toute mon âme cette confiance et le bonheur de m’abandonner dans une oeuvre si importante à mes yeux. Car si Paolo est d’abord reconnu comme photoreporter, j’ai toujours ressenti que cette définition était trop réductrice pour lui : il est un Artiste, un immense photographe ; qu’il soit en reportage sur un conflit au bout du monde, confiné dans les montagnes Suisse avec sa famille, seul dans les rues de New York, ou sur des sujets plus abstraits comme en témoigne son travail récent sur la fragilité du monde.
Sa curiosité, son ouverture à ce qui l’entoure et surtout son empathie en font un artiste unique, et je me sens vraiment chanceuse de pouvoir présenter ces images si belles, si fortes alors qu’il est exposé dans les plus grands musées du monde. Malgré ses nombreuses récompenses, son succès mérité, il est resté d’une simplicité confondante, son regard d’une puissante acuité et sa liberté unique.
Julia Gragnon